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Pourquoi
ne pas avoir tenu compte d’autres facteurs a priori
importants ?
Trois raisons ont justifié
l’absence de prise en compte de facteurs qui ont une importance
reconnue.
Une norme
obligatoire existe, elle semble pertinente, elle progresse, et les
constructeurs sont contraints de la respecter. Elle ne constitue donc
pas un critère de différenciation.
Le meilleur exemple est celui de la
pollution atmosphérique par les différents groupes de
gaz produits par la combustion du carburant (oxyde de carbone, oxydes
nitreux, oxydes de soufre etc.). Les améliorations des
systèmes d’alimentation des moteurs et des carburants
ont réduit dans des proportions très importantes ce
type de pollution, mais ils demeurent différents suivant les
motorisations, les moteurs à essence produisent plus de
monoxyde de carbone et les moteurs diesel plus de particules et
d’oxydes nitreux. Les véhicules anciens présentent
souvent des dérives importantes par rapport aux modèles
neufs, notamment pour l’émission de particules par les
moteurs diesel, la seule solution étant la définition
des normes contraignantes, vérifiées par des contrôles
techniques périodiques. Nous avons seulement retenu la
différence liée à la présence ou à
l’absence de filtres à particules sur une motorisation
diesel, qui a des conséquences importantes sur la pollution au
niveau local et régional.
Il faut remarquer que le dioxyde de
carbone ne peut être classé dans le groupe des
substances directement nocives. Il s’agit d’un produit de
combustion dépourvu d’effets irritants ou cancérogènes
au niveau des voies respiratoires. Son rôle majeur dans
l’accroissement de l’effet de serre justifie sa prise en
compte dans un axe particulier fondé sur la consommation de
carburant. C’est ce choix qui a été fait pour
caractériser une des valeurs des voitures citoyennes.
Le développement d’obligations
favorisant le recyclage des constituants d’un véhicule
est également une décision importante qui a été
prise au niveau de l’Union Européenne. La norme définie
par l’Union est une bonne garantie qui va s’appliquer à
tous les véhicules et elle ne constituera donc pas un élément
permettant de les différencier de façon pertinente.
Un facteur de
risque justifierait d’évaluer les voitures sur un
critère représentatif de ce facteur, mais nous ne
possédons pas de résultats de tests indiscutables
effectués sur la majorité des véhicules
commercialisés.
Des véhicules peuvent ou non
comporter des caractéristiques structurelles favorisant leur
compatibilité avec d’autres véhicules de masses
différentes. Il serait utile de réduire la raideur de
l’avant d’un véhicule lourd pour lui faire
absorber de l’énergie par sa déformation lors
d’un choc frontal impliquant un véhicule léger. A
l’inverse ce dernier doit avoir une raideur suffisante pour
éviter les déformations de son habitacle. Il faudrait
donc développer des tests de chocs contre des obstacles
déformables spécifiquement conçus pour évaluer
cette notion de compatibilité structurelle. Aucune norme
n’existe dans ce domaine et si leur définition est
envisageable techniquement, elle ne peut être incluse dans une
norme au cours des années à venir. Il est évident
que si un organisme comme EuroNCAP développait de tels tests,
ce qui nous semble indispensable, leurs résultats seraient
incorporés à notre définition de la protection
des usagers d’autres voitures particulières.
Le développement des systèmes
de contrôle de la stabilité des véhicules qui
assurent une prévention des sorties de route en limitant les
effets d’une manœuvre brutale fait partie de ces
innovations difficilement évaluables dans des délais
courts. Nous avons connu dans le passé des effets d’annonce
sur la réduction des accidents par des progrès
techniques qui n’ont pas été confirmés sur
le long terme. Il est en effet difficile de contrôler tous les
facteurs de confusion susceptibles d’influer sur les résultats
statistiques. Quand l’acheteur a le choix d’un dispositif
en option, ce sont habituellement les conducteurs les plus
sécuritaires qui achèterons un véhicule équipé.
Si toutes les versions d’un nouveau modèle sont
équipées, il est impossible de faire une comparaison
entre deux groupes ne se différenciant que par la présence
du dispositif. Les publications disponibles sont en faveur d’une
efficacité importante des systèmes de contrôle de
la stabilité, mais elles demandent à être
confirmées, notamment par la production d’explications
des fortes différences d’efficacité observées
entre les différentes études.
Une
caractéristique peut avoir des avantages et des inconvénients
qui ne permettent pas de faire un choix indiscutable.
La source d’énergie
utilisée fait partie de ces caractéristiques. Un
véhicule utilisant, en partie ou exclusivement l’énergie
électrique ne produit pas de pollution locale et il présente
donc des avantages pour la population de grandes agglomérations.
Les véhicules électriques sont en outre
particulièrement silencieux dans des conditions de vitesse
urbaines où les bruits de roulement sont proportionnellement
moins importants que les bruits produits par le moteur. Cet avantage
local ne s’associe pas à un avantage planétaire
prenant en compte l’effet de serre si l’énergie
électrique est produite par une centrale thermique. Le bilan
énergétique d’une électricité
provenant d’une centrale thermique, incluant son transport et
le rendement d’une batterie d’accumulateurs, est
comparable à celui d’un moteur à explosion. Si
l’on tient compte du fait que la plus grande partie de
l’énergie électrique produite en France est
d’origine nucléaire, le débat se porte alors sur
les avantages respectifs d’une énergie obtenue sans
libération de gaz à effet de serre mais productrice de
déchets radio-actifs dont certains ont une durée de vie
très longue, et d’une énergie obtenue en
consommant des combustibles fossiles producteurs de dioxyde de
carbone. Nous avons estimé ne pas être en mesure de
faire un choix argumenté entre deux sources d’énergie
associées à des conséquences défavorables
aussi différentes.
Les véhicules fonctionnant au
gaz naturel ont des émissions très réduites de
gaz polluants, mais leur production de dioxyde de carbone demeure
proportionnelle à la consommation du véhicule.
Une
caractéristique peut avoir des avantages importants dans un
contexte particulier qui ne concerne pas l’ensemble des
citoyens, mais dont l’évaluation doit être
disponible.
Le meilleur exemple est celui de la
protection des enfants. Elle concerne une fraction des utilisateurs
et il est difficile d’incorporer dans la note globale cette
protection particulière. Il est cependant très
important que le renseignement soit disponible et EuroNCAP produit un
note spécifique pour un modèle de véhicule
donné, disponible sur le site internet de cet organisme. Il
assure en particulier une valorisation importante et justifiée
du dispositif ISOFIX qui garantit une très bonne mise en place
du siège pour enfant et un bon couplage du siège avec
les structures du véhicule.
Une évaluation
selon des critères proches de ceux définis pour la
voiture citoyenne est souhaitée, mais nous l’estimons
actuellement impossible.
Deux groupes de véhicules sont
envisageables, les véhicules utilitaires de moins de 3.5
tonnes et les deux roues motorisés.
Pour le premier groupe, la dérive
de la puissance et de la vitesse maximale de ces véhicules
utilitaires s’est faite parallèlement à celle
observée pour les voitures particulières, mais il est
nécessaire de modéliser le risque et les facteurs
prédictifs pour faire aboutir un tel projet. IL faudrait
notamment vérifier la concordance entre les résultats
des assureurs et la notion d’agressivité définie
par l’énergie cinétique maximale. Il ne semble
pas envisageable de disposer de tests analogues à ceux mis en
œuvre par EuroNCAP pour les voitures particulières.
Pour les deux roues motorisées,
le problème nous semble actuellement insoluble. La seule
notion de limitation de la puissance maximale à 100 chevaux
indique l’ampleur de la dérive, la puissance maximale
raisonnable d’un deux roues pouvant atteindre 130 km/h est
d’environ 20 chevaux. En outre, comme pour les cyclomoteurs
limités en vitesse à la construction, le débridage
atteint un niveau qui rend l’évaluation fine du risque
impossible. Tant que nous ne disposerons pas d’une limitation
de la vitesse à la construction par des méthodes
structurelles empêchant l’accroissement de la puissance
réelle par de simples modifications de programmes
électroniques ou le changement de quelques pièces, il
sera impossible d’influer sur le parc de deux roues à
moteur. Dans ce domaine, le seul espoir de réduction de la
mortalité des conducteurs de deux roues, et de réduction
des risques qu’ils font courir aux autres usagers, est dans une
transformation profonde des méthodes de contrôle et de
sanctions, notamment dans le domaine du débridage qui doit
provoquer la confiscation du véhicule, associée à
une réglementation stricte de la puissance. Les décideurs
ne peuvent espérer des résultats qui seraient obtenus
par la seule évolution de l’offre de modèles
plus citoyens et des actions purement incitatives.
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