(This page is best viewed with CSS style sheets enabled)
Quelle
méthode pratique pour évaluer la citoyenneté
d’une voiture.
Définir le caractère
citoyen d’un véhicule est un concept nouveau. Il associe
quatre valeurs différentes par nature et l’originalité
de la démarche consiste à en faire une synthèse.
La facilité consisterait à présenter les
résultats obtenus suivant les différents axes et à
laisser l’acheteur « faire son choix ».
Une telle attitude a un inconvénient majeur, elle ne fait pas
émerger le meilleur compromis entre les différents axes
retenus, car elle demeure une démarche analytique. Un concept
émergent ne doit pas être réduit aux propriétés
de ses constituants puisque sa « valeur ajoutée »
résulte de l’interaction entre ces constituants. Il faut
donc produire une synthèse, en envisageant les avantages et
les inconvénients des différentes méthodes
utilisables dans une telle situation.
Est-il
acceptable techniquement de produire un classement unique de tous les
véhicules ?
Il faut examiner les
justifications des éventuelles limitations de l’usage
des différents axes pour bien comprendre les conditions de
leur extension à la définition d’un classement
unique
Pour la protection
des occupants d’un véhicule, l’EuroNCAP indique
que le classement qu’elle produit doit être utilisé
pour comparer des véhicules du même groupe. Il faut
comprendre la justification des réserves de l’EuroNCAP
sur un classement unique réunissant tous les groupes. Elle est
liée à l’absence de normes de compatibilité
structurelle entre les véhicules et à l’absence
de prise en compte des différences d’agressivité
au sens que nous avons donné à ce terme. Les tests
auxquels sont soumis les six groupes de véhicules distingués
par l’EuroNCAP sont identiques, il n’y a pas des tests
pour les « superminis » différents des
tests pour les « MPVs » ou les voitures de
sport. Nous pouvons donc comparer dans un classement unique des
résultats obtenus avec une méthodologie unique. Les
concepteurs d’EuroNCAP savent très bien que la notion de
protection des occupants serait très différente en cas
d’impact entre véhicules de masses très
différentes et leur réserve est liée à ce
fait. L’occupant du véhicule lourd est plus en sécurité
que celui du véhicule léger. Si cette notion devait
être prise en compte par l’EuroNCAP, en l’absence
de test de compatibilité, c’est une prime au poids qui
devrait être accordée ! Ce choix étant à
l’opposé des critères de valeurs définissant
le concept de voiture citoyenne, nous avons envisagé un axe
qui pénalise le poids. C’est bien ce choix qui nous
autorise à prendre en considération l’axe de la
protection des occupants indépendamment des autres facteurs
que nous envisageons par ailleurs et qui font la distinction entre
des véhicules de masses différentes dans une volonté
affirmée d’évaluer la citoyenneté. Nous
avons un axe qui permet de classer les véhicules entre eux,
toutes choses égales par ailleurs, et nous avons un autre axe
qui fait intervenir les relations entre véhicules du fait de
leurs masses différentes, mais également de leurs
« aptitudes différentes » à
produire des accidents du fait de leurs performances différentes.
Pour la protection
des piétons, aucun argument biomécanique ne s’oppose
à un classement unique. Les tests EuroNCAP sont identiques
pour tous les modèles testés et il n’y a pas à
tenir compte des interactions entre véhicules dans un tel
contexte.
La protection de
l’environnement soulève un problème que nous
n’avons pas encore envisagé, celui des contraintes
d’usage spécifiques de catégories d’usagers
particulières. Une famille nombreuse n’a pas le choix,
s’il y a quatre enfants à transporter, de 2 à 18
ans, elle ne pourra pas utiliser le véhicule le mieux classé
suivant les critères de la voiture citoyenne. Ce fait est
évident, cette famille a exprimé sa citoyenneté
en faisant de nombreux enfants puisque nous sommes dans une situation
inquiétante de non renouvellement complet des générations.
Elle fera un choix citoyen en préférant à volume
et nombre de places identiques une faible motorisation à une
version puissante et inutilement rapide. La notation et le classement
que nous avons établis concernent la quasi-totalité de
la population qui a des besoins de transports exigeant de 1 à
5 places. N’oublions pas que les familles avec plus de trois
enfants représentent actuellement 3,6% de la population. La
situation est exactement inverse pour le véhicule n’offrant
que deux places. Nous n’avons pas eu à l’envisager,
aucun véhicule de ce type n’ayant été
testé par EuroNCAP (la seule Smart testée est la
fourfour).
Une fois retenu
le caractère indispensable et techniquement justifié du
classement unique, faut-il hiérarchiser les résultats
obtenus suivant chacun des quatre axes de valeurs en les affectant
d’un coefficient variable ?
Nous avons renoncé à
hiérarchiser les différents axes entre eux, en
affectant un coefficient spécifique aux quatre notes. La note
globale est la somme de quatre notes sur 5.
Il faut cependant constater qu’une
forme de pondération a été produite par le fait
que l’amplitude des valeurs des notes réelles obtenues
suivant chacun des quatre axes n’est pas la même. Si dans
un concours avec plusieurs épreuves, les correcteurs
produisent des notes utilisant toutes les possibilités de zéro
à vingt, leur influence sur le classement au concours sera
plus importante que celle d’une autre épreuve jugée
avec des notes très resserrées, allant par exemple de
cinq à quinze. Ce type de problème est bien connu des
spécialistes de la docimologie (la science de la notation).
Pour que les résultats soient
compréhensibles, et n’amplifient pas artificiellement
des différences de notation suivant les quatre axes, nous
avons utilisé directement la classe (les étoiles) de
l’EuroNCAP pour la protection des occupants et des piétons,
comme une notation de 0 à 5. Nous avons signalé que la
première de ces notes va seulement de 2 à 5 et la
seconde de 0 à 4, l’amplitude de la notation est donc
légèrement réduite. La note de protection de
l’environnement utilise toute l’amplitude possible de la
notation, ce qui lui donne un rôle plus important dans la
différenciation fine des véhicules entre eux au
classement final. De très nombreux véhicules ont cinq
étoiles pour la protection des occupants, ils ne seront donc
pas distingués sur ce critère, mais si l’un
consomme un demi litre de moins au cent kilomètres, cette
différence sera prise en compte. Cette remarque peut également
être faite pour l’énergie cinétique
maximale qui est fondée sur des paramètres précis
qui autorise un classement plus fin des véhicules entre eux.
Toutes les notes doivent varier dans
le même sens pour pouvoir être additionnées et
permettre une estimation globale de la valeur citoyenne d’un
véhicule. Pour les valeurs de protection produite par
l’EuroNCAP, la notation de cet organisme étant
croissante de la plus mauvaise protection vers la meilleure, la note
utilise le nombre d’étoiles attribuées pour la
protection des occupants et pour celle des piétons. A
l’opposé, l’agressivité potentielle pour
les autres automobilistes étant croissante avec l’énergie
cinétique maximale, il faut inverser le sens de variation de
la note, les points affectés à des niveaux d’énergie
sont donc soustraits de la note maximale pour que les véhicules
ayant la plus faible énergie cinétique potentielle
soient les mieux notés. La situation est la même pour la
consommation, la note doit être d’autant plus faible que
la consommation ou la production de dioxyde de carbone est plus
élevée.
|